Ray’s Day: L’œil d’Argon en français

L’an dernier, pour le Ray’s Day, je vous avais partagé un énorme coup de cœur : Neuromancien, de William Gibson. Cette année, je vous offre la traduction française de la novelette de Sword & Sorcery jugée la plus lamentable au monde : The Eye of Argon. Ne me remerciez pas, c’est tout naturel.

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« Par la barbe hirsute de Mrifk, Grignr ne s’agenouille face à aucun homme ! »

The Eye of Argon, c’est une histoire parue en 1970 dans un obscur fanzine, OSFAN. La seule même qu’ait jamais écrite son auteur, Jim Theis, alors âgé de 16 ans. C’est de la Sword & Sorcery, autrement dit du Conan le barbare, des guerriers aux pectoraux huilés, des femmes aussi plantureuses que dénudées, des princes bouffis et des sorciers démoniaques. Mais c’est aussi un texte jugé comme le plus gros nanard de la littérature.

Comme souvent dans ces cas-là, la renommée soudaine du texte tient pas mal du hasard. Ce qu’il faut en retenir, c’est que Eye of Argon remonte le million de résultats sous Google, qu’il a sa page wikipedia, sa page TV Tropes, qu’on en fait souvent des lectures publiques aux conventions SFFF, et qu’il existe un jeu très simple : un joueur lit le texte jusqu’à exploser de rire, et il passe alors le texte au joueur suivant, et ainsi de suite.

Il est vrai qu’il est terriblement cruel de se moquer ainsi de ce texte, un truc vieux de quarante ans, écrit pas un Jim Theis alors adolescent. Pourtant, il faut reconnaître que ce texte est un chef d’œuvre en soi. Parce qu’on le sent déborder d’amour aveugle pour la Sworcery, à la façon d’un amour adolescent, maladroit mais sincère. Parce qu’on sent les efforts malencontreux de l’auteur qui essaie de faire de belles phrases mais échoue lamentablement pour, comme le dit Langford à son sujet, « choisir systématiquement le mauvais mot et l’employer à mauvais escient ensuite ».
On peut y voir une belle leçon d’amour pour la littérature, ou une belle leçon d’humilité pour tous les auteurs qui s’acharnent à parfaire leur plume et qui ne connaîtront jamais la renommée de Jim Theis. Et on peut aussi y voir l’occasion de bien rigoler.

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Je suis Carthena, fille de Minkardos, Duc de Barwego, et je ne suis pas du tout une femme objet dans cette fiction.

Hélas, ce bijou n’a jamais été traduit. Sans doute parce que c’est intraduisible, tant le cachet en vient des fautes d’orthographe, de grammaire et d’accord, des contresens, des formulations malheureuses. Ou alors, il faudrait un traducteur chevronné pour relever pareil défi, de la même trempe que ceux capables de s’attaquer à un Pratchett.
Je ne suis rien de tout ça, mais je me suis dit que merde, hein, si grâce à moi on pouvait un peu découvrir The Eye Of Argon en France, ça serait merveilleux. Jusqu’à ce qu’un vrai traducteur prenne le relai.

Pour la journée mondiale officieuse de la lecture, je vais donc vous laisser en compagnie de Grignr le barbare. Préparez-vous à trouver moult poitrines opulentes et muscles saillants, viscères éparpillées et œsophages tranchés, pièges dans les placards et émeraude écarlate, chapitres numérotées avec fantaisie et non-sens absolus, vous voici dans les tréfonds stygiens de l’enfer !

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Les tréfonds sty… quoi ?

Alors, malheureusement, le sort se joue de moi. Mon ordinateur étant en réparation depuis le début de la semaine, je n’ai pas pu finir la traduction. Il vous manquera l’ultime chapitre (le 7 et 7,5, quoi), mais je pense sincèrement que ce n’est pas si grave que ça : vous aurez déjà bien l’occasion de profiter, bande de chenapans. Et vous terminerez comme ça votre lecture sur un cliffhanger de folie.

MàJ du 29/08/15 : la traduction est terminée ! Toujours aussi maladroite, toujours aussi gauche et innocente que l’original. Les liens ci-dessous sont mis à jour !

Original en anglais : HTML
Version française : EPUB, PDF, HTML

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